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Histoire de Château-Thierry (2)

L’accès :

On ne pouvait plus pénétrer dans la ville que par quatre portes. Chacune était défendue par deux tours reliées par un bâtiment dans lequel se trouvaient l'entrée et le passage voûté, clos de herses et de vantaux. Ces portes étaient disposées aux quatre points cardinaux :

1) à l’Est la Porte SAINT PIERRE.

2) au Midi la Porte de la POTERNE.

3) à l'Ouest la Porte SAINT CREPIN.

4) au Nord, la Porte de BEAUVAIS.

La ville :

Le premier noyau de la ville s'est formé aux abords de la forteresse. Les rues du Château, de Beauvais devenue rue des Cordeliers (actuellement rue Jean de La Fontaine et Grande Rue) étaient les grands axes qui encerclaient la butte du château. La rue du Pont conduisait à la Marne.

En 1210, la reine Blanche, veuve de Thibaut III (mort en 1201 au moment de partir pour la croisade) fonda l'abbaye de la Barre. Des religieuses de l'ordre de Cîteaux furent autorisées à former cette nouvelle communauté et vécurent dans ses murs du 13ème au 18ème siècle.

En 1231, le comte de Champagne Thibaut IV donna une charte à la ville, qui fut érigée en commune. Elle acheta la maison d’un juif qui vivait dans une belle demeure juste sous le château sur la place du marché. En 1238 la maison devint Hôtel de Ville et Palais de justice. Une halle fut construite à proximité.

   

 

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Blanche d'Artois, nièce de Saint Louis, fonda l'ancien collège en 1280 (quatre ans avant la Sorbonne). Elle fonda aussi la Basoche. Cette communauté avait le droit de percevoir 5 sous par sac de blé vendu à la halle. Pour chaque paiement, on donnait cinq dragées. Les clercs et les procureurs étaient fort nombreux et mal nourris. Ils n'étaient pas payés. Ils organisaient cependant des manifestations bruyantes, des fêtes et des cérémonies. Chaque année la veille du jour des Rois, à cinq heures du soir, les clercs vêtus d'habits noirs, épée au côté et coiffés d'un chapeau surmonté d'un plumet rouge, se rendaient en corps chez le meunier du Moulin du Roy pour réclamer le gâteau traditionnel. Après la remise du gâteau les clercs se partageaient les dragées. La Basoche tenait ses séances dans une salle de l’hôtellerie de la Fleur de Lys (au N° 55 de l’actuelle Grande Rue).

Avec la reine Blanche finit la dynastie des comtes de Champagne.

Sa fille Jeanne épousa Philippe le Bel.

En 1301 le comté et la ville de Château-Thierry rentrèrent définitivement dans le domaine de la couronne. Philippe le Bel accorda aux habitants une charte d'affranchissement. En échange de cette concession les habitants abandonnèrent au roi des biens et redevances importantes.

La place du marché était autrefois le lieu habituel d'exécution des sentences rendues par le bailliage criminel de la ville. Le bourreau imprima sur l'épaule à nu du sieur Courmont les trois lettres G.A.L.

En 1400 Charles VI érigea Château-Thierry en duché paierie en faveur de Louis d'Orléans.

La ville eut à souffrir de la Jacquerie et des luttes intestines entre Armagnacs et Bourguignons.

En 1421, elle tomba au pouvoir des Anglais en dépit de l'héroïque résistance de La Hire (compagnon de Jeanne d’Arc).

Le Moyen Age, époque de foi ardente, fut aussi celle des fondations pieuses et charitables.

Une abbaye de Prémontrés, fondée par Thibaut II en.1133, fut placée dans l'enceinte du château. Les moines de l'abbaye se transportèrent en 1140 dans un petit vallon (d'où le nom de VAL SECRET) situé à 4 kilomètres de Château-Thierry, sur la route de Soissons. Cette abbaye communiquait en cas de danger avec le château par un souterrain qui prend naissance dans la basse cour et à proximité de la Porte Saint Jean. On l'a surnommé le souterrain de la Dame Blanche (en souvenir de Blanche d'Artois).

A la fin du 13ème et jusqu'au 15ème siècle, les jours de grandes fêtes, la troupe d'écoliers du collège (fondé par cette même reine Blanche) portant sabre au côté et une branche de houx doré se rendait en grande pompe, escortant son roi, a l'abbaye dont le père Abbé leur faisait servir un splendide repas. Après quoi les écoliers faisaient trois fois le tour de la table, enfilant chacun avec leur sabre une miche de pain de deux livres. Ils retournaient ensuite à Château-Thierry ou la fête se terminait par un nouveau repas que le roi offrait à ses confrères.

Au 16ème siècle un des prêtres du Val Secret devint régent du collège. Les Prémontrés eurent par la suite un prieuré à Château-Thierry jusqu’à la Révolution.

Revenons à THIBAUT II.

En 1105 il avait fait construire dans l’enceinte du château une chapelle (derrière l'église Notre Dame) en l'honneur de Saint Thibaut. Le chapelain en fut au 13ème siècle Guy de la Barre, prieur du couvent fondé en 1210 par la reine Blanche. Ce couvent eut une grande importance jusqu'au milieu du 18ème siècle, mais fut détruit de fond en comble en 1743. De nos jours l'Avenue qui joint, le long des remparts de l'Est, le quai de la Marne à la porte Saint Pierre reste le seul témoignage de ce couvent qui posséda de nombreuses terres au Moyen Age.

En 1304, Jeanne de Navarre, fille de Blanche d'Artois et épouse de Philippe IV le Bel fonda l’Hôtel-Dieu de la ville. Elle légua une somme de 1200 livres pour l'entretien de dix lits destinée aux malades. L’accès se faisait comme de nos jours par la rue du Château.

A la mort de ce prince, ce même Louis XI donna la seigneurie de Château-Thierry au comte de Saint Pol en échange de l’Ile de Ré. En 1475, le connétable ayant trahi son roi pour passer au service de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, fut décapité.

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Au siècle suivant, en 1468, par le traité de Péronne Louis XI assura la possession de la ville à son frère le duc de Berry.

En 1478, le roi donna le gouvernement de la cité à Antoine de Bourgogne.

En 1502 Louis XII rentra en possession de la ville.

LES-GRANDS AXES DE LA CITE

Au 17ème siècle la ville s'étendit en bordure de la Marne et au pied du château. Trois axes principaux encerclaient la forteresse.

Partant de l’Hôtel de Ville, on trouve sur main gauche, entre le centre de la ville et la Porte Saint Pierre, la rue du Château, et sur main droite, montant vers la Porte Saint Crépin la rue de Beauvais (devenue Grande Rue) qui se prolongeait sur les arrières du château par le tronçon passant en bordure de la maison du fabuliste et rejoignant la Porte de Beauvais (tronçon devenu rue des Cordeliers puis rue Jean de La Fontaine).

LA RUE DU CHATEAU

Au 17ème siècle et jusqu'à la Révolution, ce fut la seule voie carrossable conduisant à la résidence seigneuriale. Sous Louis XIV cette rue devint le centre du monde officiel. Le voisinage de la résidence seigneuriale avait attiré, comme papillons à la lumière, gens de cour, de robe et d'épée. On retrouve encore ici quelques traces de l'Ancien Régime : fleur de lys gravée dans l'embrasure d’une porte de maisons le luxe aristocratique du 17ème siècle dans une lucarne en bois sculpté et ajouré, comme aussi dans les anciens portails à clous et ferrures des vieux hôtels.

Maisons nobles, hôtel particuliers et auberges voisinaient avec l'ancien collège (bâti par Blanche d'Artois) et le vieil Hôtel-Dieu (construit par Jeanne de Navarre en 1304), auquel vint s'adjoindre au 17ème siècle une belle chapelle construite par François Mansart pour les religieuses Augustines, chargées des soins à donner aux malades. La partie la mieux réussie de cette chapelle est l’arcature de son soubassement. Un cordon de fleurs et de fruits orne l'intrados du cintre de la porte, dont l'extrados est orné de caissons : têtes d'anges et fleurs alternées.

Il n'est guère possible de parler de l’Hôtel-Dieu sans évoquer la mémoire de Madame de la Bretonnière qui à la fin du 17ème siècle fut prieure des religieuses Augustines et dont l'oncle et la tante, Monsieur et Madame de Stuppa furent les bienfaiteurs de l’hôpital. En nièce reconnaissante, Madame de la Bretonnière fit élever à leur mémoire un très beau tombeau à l'intérieur de la chapelle. M. de Stuppa était colonel d'un régiment de gardes suisses. Le tombeau est l'œuvre du grand sculpteur Girardon. De part et d’autre du monument, deux énormes statues de femmes, l’une portant une croix, l'autre soutenant de jeunes enfants, symbolisent la Foi et la Charité.

Dans cette même chapelle, on peut admirer un beau christ en bois polychrome (du 17ème siècle) et dans la sacristie, légèrement en retrait un grand tableau de l'école espagnole de ce même 17ême siècle (peut-être de Murillo !).

La belle grille qui sépare la nef de la chapelle du petit oratoire réservé au monument funéraire est de style Louis XIV. Elle est encadrée de chapiteaux ioniens soutenant un fronton dont la décoration principale est formée par les armes de Pierre de Stuppa et de sa femme, Anne de Gondi (1694).

Parmi les anciennes maisons du 17ème siècle on trouve sur main gauche, en montant vers l’enceinte du château, celle du N°8. Elle était desservie par une porte cochère qui menait à une cour. La cour gagne le chemin de ronde. Selon certains historiens, ce serait dans cette maison que Madame de La Fontaine, lasse de la vie parisienne et du peu d’attention de son mari, serait revenue finir sa vie. Dans son infortune conjugale, elle eut du moins la chance de conserver sa dot et de pouvoir acquérir une des plus agréables demeures de Château-Thierry !

La maison du N°34 fut habitée par Louise, Marie de Mornay d'Angest, seconde femme de Gilles de Grimbert, ancien officier de cavalerie du roi et seigneur d'Etrepilly.

Sa fille ainée habita la maison patrimoniale du N°32. Ce fut un des hôtels les plus importants de la rue. On peut encore admirer les modillons de l'entablement et les appuis des fenêtres posées sur consoles.

Du côté droit de la rue (en montant) le N°27 offre l'aspect d’un hôtel bourgeois du 17ème siècle. Une porte cochère ferme sur la rue une cour au fond de laquelle un beau perron mène à l’huis de la maison. Au 17ème siècle la maison appartenait au seigneur de Givray, qui possédait aussi la maison du N°29. Mais ces maisons n'avaient pas l'aspect qu'elles ont aujourd'hui.

Au N°31 était l’auberge du Cadran ou Jean de La Fontaine rencontrait ses amis Racine et Boileau. Face à l'auberge une ruelle à degrés monte au chemin de ronde.

L’hôtel du N°33 fut la propriété de Charles de La Fontaine, fils du fabuliste.

LA RUE DE BEAUVAIS,

La portion de la rue de Beauvais, devenue rue des Cordeliers puis rue Jean de La Fontaine fut au 17ème siècle, à part de rares exceptions (tel que l’hôtel du marquis de Saint Georges) le lieu de résidence de la bourgeoisie et des fonctionnaires.

Plusieurs hôtels particuliers contrastaient avec les demeures plus modestes. De belles portes cochères et de magnifiques portails donnaient accès à ces hôtels. Certains de ces portails garnis de panneaux cloutés possédaient des heurtoirs qui étaient de véritables chefs d’œuvre de ferronnerie. On peut encore admirer celui de l’hôtel du marquis de Saint Georges, au N°3 qui date du règne de Louis XIII. Une tête de lion d'un vigoureux relief est encadrée d'un fond de palmes.

Le visiteur retrouve dans la maison natale de Jean de La Fontaine tous les souvenirs se rattachant à la vie et à l'œuvre du grand fabuliste.

Au 17ème siècle la mortalité infantile étant très fréquente, on baptisait les enfants dès leur naissance. Les registres paroissiaux tenaient lieu de registres d'état civil.

De beaux meubles d'époque Louis XIII (en particulier deux grands fauteuils) et du règne de Louis XIV complètent un ameublement qui n'est malheureusement plus celui du fabuliste (tout ayant été dispersé) .

Des gravures, des tableaux dont le grand portrait du fabuliste par Rigaud, celui de Mauricette, Febronie de la Tour d'Auvergne, duchesse de Bavière et un tableau bien caractéristique du 17ème siècle, du au talent du peintre Revel.

Tout contribue à mettre le visiteur dans l'ambiance du grand siècle.

Parmi les gravures, il faut citer les portraits de Nicolas Fouquet protecteur de La Fontaine, Marie Anne Mancini duchesse de Bouillon qui fut seigneur de Château-Thierry.

Le visiteur peut encore prendre connaissance d'une lettre authentique du fabuliste à son oncle Jannart et de plusieurs autographes de La Fontaine. Maints ouvrages anciens, divers objets attirent la curiosité (en particulier l'énorme clef du grand portail).

Au rez-de-chaussée de la maison diverses autres salles renferment nombre de tableaux, de gravures, de sculptures, de beaux ouvrages illustrés par les plus célèbres artistes des 18ème et 19ème siècles, sans compter l'arbre généalogique des aïeux maternels du poètes, les Pidoux.

L'étage supérieur de la maison rappelle encore par maints côtés le souvenir du poète en le replaçant dans son contexte artistique, mais une large place a été réservée à des œuvres plus récent (tableaux et aquarelles des 19ème et du début du 20ème siècle).

LES FONDATIONS PIEUSES et CHARITABLES

Le 17ème siècle était également une époque de piété sincère. Cela explique la fondation de couvents.

Les Minimes s’établirent à Château-Thierry en 1604 après s'être assurés la protection de Jérôme Hennequin, évêque de Soissons. Pour costumes, ils portaient une robe de laine brun foncé avec chaperon et ceinture en étoffe. Leur maison était rue Saint Crépin, face l'église.

Paul de Gondi, cardinal de Retz fut baptisé dans l'église Saint Crépin en 1613 par Delaitre, prieur des Minimes.

Les Dames de la Congrégation de Notre Dame fondèrent un couvent en 1633 et en 1637 un établissement scolaire pour l’instruction des filles pauvres de la ville.

Les Capucins s'installèrent dans la ville en 1623 et fondèrent un couvent dans le faubourg de la Marne, à l'emplacement actuel du collège.

Parmi les fondations pieuses, il faut mentionner l’hôpital de la Charité (aujourd'hui maison de retraite) fondé en 1654 par Eléonore de Bergues, duchesse de Bouillon. Six religieux s'occupaient des lépreux. Cet hôpital était dirigé par des religieux de l'ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu.

A proximité de l'église de la Madeleine fut fondé par ailleurs un hôpital pour les pauvres de la ville.

Collége Jean Racine (ancien couvent des Capucins)

LA RIVIERE et ses MEFAITS

La Marne, rivière généralement paisible sur les bords de laquelle les promeneurs aimaient à flâner aux beaux jours de printemps et d'été avait parfois des crues énormes, C'est ainsi qu'en 1658 elle déborda et donna lieu à une terrible inondation. Elle inonda la place Saint Jacques (actuellement place des Etats-Unis) et la rue du Pont jusque la chapelle Notre Dame du Bourg. On allait en nacelles dans les ruelles.

LES GUERRES et INVASIONS

Après un siège long et pénible la ville fut ravagée en 1615 par les troupes du Prince de Condé qui s’en emparèrent pendant la minorité de Louis XIII. Mais deux ans plus tard elle rentrait sous l'autorité royale.

En 165o, le Prieur du monastère de Coincy, Jacques Bataille, parvint à repousser les 1200 Espagnols qui assiégèrent son abbaye. Grâce à son attitude énergique et au courage de ses moines, il contraignit les ennemis à battre en retraite et sauva Château-Thierry des dangers d'une invasion. Malheureusement deux années plus tard, les Lorrains réussirent à pénétrer dans la ville

Les soldats exercèrent les plus grandes cruautés sur les habitants. Un échevin ayant refusé de livrer aux ennemis la caisse de la mairie et le trésor de Saint Crépin fut enchaîné, dépouillé de ses vêtements et traîné par les rues. Il fut ensuite attaché à une colonne et meurtri de coups auxquels il succomba.

PERSONNAGES CELEBRES nés à CHATEAU-THIERRY au l7ème SIECLE

Le personnage le plus populaire de la ville est à coup sur notre grand fabuliste, Jean de La Fontaine.

Paul de Gondi, devenu l'illustre cardinal de Retz, si célèbre par ses mémoires et son rôle politique, naquit également à Château-Thierry et comme La Fontaine fut baptisé en l'église Saint Crépin en 1613.

Le comte et la comtesse de Beausoleil qui firent connaître les bienfaits thérapeutiques de l'eau des sources naturelles de la ville (eau minérale ferrugineuse et bicarbonatée) découvertes par le médecin Claude Galien auteur d'un ouvrage intitulé "Les eaux minérales de Château-Thierry et leurs propriétés".

Le peintre Revel qui s’illustra dans la peinture de portraits et de scènes de genre. On peut voir un de ses tableaux dans la Maison Natale de Jean de La Fontaine " Le Départ pour le Bal ".

Suite

Château-Thierry actuel

Date de la dernière mise à jour : 27 mai, 2003