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Eglise Saint - Crépin de style gothique tardif, restaurée après 1918 (15e siècle). Elle existait déjà au 14ème siècle, mais fut détruite par les Anglais, chassés de la ville en 1429. Elle fut reconstruite en 1487. Son plan est en forme de basilique. Elle comprenait une nef à deux collatéraux de cinq travées ayant huit autels. Son clocher remonte au 16ème siècle. Le portail principal en ogive à voussure est sans figuration. Les deux socles à pans coupés sont vides de leurs statues. Mais la porte de chêne massif a été décorée de volutes de fleurs et de fruits par un artiste local à la fin de la Renaissance ou dans les premières années du 17ème siècle. La petite Vierge dorée placée à la pointe de l'ogive proviendrait de l'ancienne abbaye du Val Secret. |
Une porte ménagée à l'intérieur du clocher permettait d'accéder à une sorte de balcon à balustrade finement sculptée qui surmontait le portail central.
Un autre portail moins important, mérite cependant que l'on contourne labside, du côté de la rue Saint Crépin. Quelques marches d'un escalier donnent accès à une sorte de petite plate-forme qui longe le bas côté sud de l'église. Le visiteur peut admirer le beau portail entouré de ciselures profondes les feuilles de chêne qui l'ornent et les deux vantaux de bois : uvre remarquable du XVème siècle finissant.
Pénétrant dans l'édifice par une petite porte située sur le bas côté gauche de léglise en venant du portail central (ouvert seulement les jours de grandes fêtes et à l'occasion de certaines cérémonies) le visiteur peut d'un seul regard embrasser l'ensemble du grand vaisseau du chur, d'une nef centrale et de deux bas côtés.
Le maître duvre a su ménager les grandes baies latérales de telle sorte que la lumière soit également répartie dans tout l'édifice. Les fenêtres sud ne comptent que trois lancettes, tandis que celles du nord privées de soleil en comptent quatre.
Les sculptures qui semblent monter vers le haut des fenêtres comme des flammèches se terminant en forme de mitres d'évêques sont bien la caractéristique du style gothique flamboyant.
Les statues du chur sont de beaucoup postérieures à la date de reconstruction de l'église. Elles sont de 1825 et dues au sculpteur Gauthier, originaire de la ville. Par contre les clefs de voûte sont de la Renaissance. Le visiteur peut admirer en particulier la magnifique uvre d'art que constitue la clef de voûte qui orne la première travée au-dessus de la tribune dorgue. Elle ne mesure pas moins de 0,90 mètres de diamètre. Une large guirlande de fruits et de fleur, relie les quatre anges musiciens. L'un joue de la viole à archet (montée sur 3 cordes) l'autre pince la harpe, le troisième souffle à pleines joues dans une trompette, le quatrième développe à bras tendus une légère banderole qui symbolise le chant.
Il y avait également dans l'église de très beaux vitraux de la Renaissance. Les guerres les ont malheureusement détruits, Subsistent seuls quelques fragments au-dessus de la chapelle de la Vierge (dans le bas côté sud de la nef). La beauté des coloris et la finesse de leur composition font d'autant plus regretter qu'ils n'aient pu être sauvegardés. Les vitraux récemment achevés sont l'uvre du maître verrier Le Chevalier. De la Renaissance datait le grand jeu d'orgues qui ornait le fond de la nef (du côté du grand portail). Malheureusement il a été saccagé pendant la Révolution. Subsiste encore pour la joie des fidèles et des visiteurs la belle tribune qui date de 1538 et qui se compose d'une galerie à trois faces sorte de balustrade, ornée de dix-neuf statuettes occupant des niches décorées de colonnettes, de coquillages et d'arabesques et représentant des sybilles (femmes qui auraient annoncé aux païens de l'antiquité la venue du Messie) et des vertus chrétiennes. Le sculpteur de Château-Thierry a mélangé les sybilles et les vertus.
On trouve successivement.
1/ - La Sybille Persique, jeune femme portant une lanterne de la main droite (image de Jésus lumière du monde). Elle relève de la main gauche sa longue robe.
2/ - La Sybille de Tibur, tenant une main coupée, symbole de la Passion et des soufflets que Jésus reçut sans se plaindre.
3/ - La Sybille de Samos, femme portant une crache. Elle aurait annoncé la naissance de Jésus. Elle lève la main droite vers le Ciel.
B) Du côté Est de la grande façade
Les trois premières Sybilles déroulent une banderole ou le livre de leurs prophéties.
7/ - La Sybille Hellespontine. Elle tient de la main droite une grande croix et présente de la main droite les trois clous du crucifiement. Elle porte un voile sur la tête. Elle aurait prédit quelques circonstances de la mort du Christ.
8/ - La Force : Vertu cardinale, femme casquée tenant de la main gauche une colonne brisée et étranglant de la main droite un oiseau symbolique à tête d'aigle et queue de serpent.
9/ - La Justice : femme tenant en main le glaive et portant la balance de la main gauche.
Les figures suivantes dix et onze représentent deux autres Sybilles. L'une tient une banderole, l'autre déroule le volume de ses prophéties.
12/ - La Foi : Vertu du Sacrifice de Jésus. Le sacrement de l'Eucharistie est le plus parfait symbole de la Foi. La femme montre un reliquaire ou plutôt un ostensoir.
13/ - L'Espérance : femme appuyée sur une ancre marine. De la main droite elle montre le Ciel.
14/ - La Sybille de Cumes, femme portant un plat surmonté d'un vase qui servit à laver l'enfant Jésus lors de sa naissance
15/ - La Charité : Vertu théologale, femme présentant de la main gauche un bourse pleine. Elle ramène de la main droite le pan de son manteau.
16/ - La Sybille Delphique, femme bien vivante, figure réjouie et fort corpulente. Elle présente de la main gauche la couronne d'épines.
17/ - Sybille ayant la tête placée sous une coquille et les regards tourné vers le Ciel.
18/ - Christ glorieux tenant dans sa main gauche le globe du monde.
19/ - La Tempérance, vertu cardinale, femme qui tient un objet carré surmonté d'un dôme et orné d'un rond (sorte d'horloge). De larges bandeaux ornent sa coiffure.
La ville possédait en outre trois chapelles ; Saint Nicolas (sous la dernière arche du pont et à l'entrée du faubourg de la Marne), la chapelle de la Toussaint, contiguë et celle de la Madeleine qui fut la première paroisse de Château-Thierry. Elle existait déjà au 10ème siècle, mais fut fort mal traitée lors du siège du château par Raoul de Bourgogne. Sur ses ruines le roi de France Philippe le Bel édifia une chapelle en 1306 pour le repos de l'Ame de sa femme Jeanne de Navarre. C'était la Benoîte Madeleine. Dans cette chapelle s'assemblaient tous les ans le jour des Brandons, les manants et habitants de Château-Thierry afin d'y donner à douze électeurs de leur choix la mission délicate de désigner les quatre échevins de la ville. Ces derniers avaient pour mission la défense des droits et franchises de la communauté et répartissaient l'impôt seigneurial.